Trouvons une grand-mère à Sam Bokolombe

Avatar photo

Membre de l’opposition, Justin Bitakwira avait raison de proférer des menaces pour obtenir une place dans le comité préparatoire du dialogue qui se déroule, à Kinshasa, pour dénouer la crise politique en RDC. « Sa grand-mère allait maudire le dialogue et lui n’aurait eu besoin que d’une poussière de secondes pour faire dégager le facilitateur Edem Kodjo ». Ces pourparlers sont tout simplement juteux… pour ses bourses, pas celles suspendues au milieu d’une paire des membres inférieurs, mais son porte-monnaie. Prévu pour deux semaines avec un per diem de 300 dollars par jour, ce pactole pourrait quadrupler, voire quintupler.

Fervent partisan de ce dialogue et défenseur incisif de l’engagement de Vital Kamerhe, le député UNC Sam Bokolombe vient de prédire, à son corps défendant, « son probable échec y compris celui de tout autre qui s’ensuivrait ». Ce professeur d’université n’a pourtant pas (encore) quitté le fameux dialogue. Il lui faudra, sans doute, une grand-mère à l’opposé de celle de Bitakwira pour le tirer de là. Nous sommes, bien sûr, dans la symbolique et il n’est , bien sûr, pas question de la vraie grand-mère de l’élu de Basankusu, dans l’ancienne province de l’Équateur.

Sam Bokolombe y a cru. Fortement, à l’image de cette métaphore qu’il avait renvoyée dans la figure de ceux qui accusaient le président de l’UNC Vital Kamerhe d’être allé précipitamment avec le « seul » objectif d’en sortir premier ministre : « Le bateau a largué les amarres et c’est trop tard pour ceux qui ne sont pas venus au dialogue maintenant ». Mais chemin faisant, son optimisme s’est heurté aux positions raides, inflexibles d’une majorité présidentielle qui ne concède rien. Las, dans une interview au pureplayer www.actualite.cd, le professeur de droit a exprimé publiquement son agacement dans un message qui ressemble à un jet d’éponge. Comme loyauté ne rime pas avec servilité chez ce politique au verbe parfois cassant, il ne s’est pas retenu pour exprimer publiquement cette divergence notoire avec le président de son parti de plus en plus esseulé.

Coup dur pour l’UNC notamment dans les réseaux sociaux où ce dialogue est narré, analysé, soutenu ou moqué à travers deux lignes éditoriales parallèles : celle de Sam Bokolombe et celle de Didi Mitovelli, deux très grands « tribuns ». Deux personnages qui éclairent, à leur façon, cette conjoncture politique congolaise. Pédagogue, le secrétaire national de l’UNC s’était d’abord employé à clarifier pour le grand public les complexités juridiques des questions à traiter avant de se faire un défenseur percutant de ce dialogue boudé par une grande partie de l’opposition. Jusqu’à ses dernières déclarations pessimistes. Quant à Didi Mitovelli (qui s’appellerait en réalité Didier M’Buy), journaliste et formateur dans une école de journalisme, c’est le meilleur Congolais en storytelling que je connaisse. Avec un humour cinglant, sous sa plume, Kamerhe apparaît en Simon Pierre engagé dans une partie de pêche miraculeuse avec des filets qui remontent à vide, encore et encore.

Pas besoin d’une grand-mère pour vous recommander lequel des deux suivre car certains parallèles parviennent à se rejoindre notamment sur cette conclusion que les deux éminences grises partagent : Joseph Kabila a fait le choix du chaos, tout seul sans l’aide de sa grand-mère.|Botowamungu Kalome (AEM)