Rufin Hodjar : « Après Brazzaville dans mon premier disque, je viens de dédier une chanson à la ville de Kinshasa »

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Artiste musicien, auteur-compositeur, Rufin Hodjar, l’un de meilleurs salseros du Congo Brazzaville avec à son actif un single intitulé Olomi el marido, se prépare à mettre  sur le marché son nouvel album ‘’Dougouba’’ chanté en plusieurs langues africaines notamment haoussa, bambara, swahili, lingala, douala, makoua, lari, et un peu de Sango. Cet album contiendra notamment  une reprise de la chanson ‘’Kinshasa’’ de Francis Bebey. Disponible et affable, Rufin Hodjar s’est prêté au jeu de questions et réponses.


AFRIQU’ECHOS MAGAZINE (AEM) : La carrière musicale, c’est la concrétisation d’un rêve d’enfant ?

RUFIN HODJAR (RH): Comme on dit n’est pas musicien qui le veut, je suis arrivé dans la musique pas de manière accidentelle, la musique est dans mes gènes et je chante depuis la prime enfance. J’ai appris qu’un de mes grands-parents avait été un grand chanteur. Mon père était un passionné de musique, il fut même rapporteur du Comité Bantous. Je me rappelle qu’enfant j’écoutais ma mère chantonner les chansons de Grand Kallé et des Bantous de la Capitale entre autres pendant qu’elle faisait son ménage, tout cela m’avait influencé.

Il est vrai que tout petit je fréquentais les petits orchestres du quartier qu’on appelait « Orchestre Manzanza », j’ai réellement commencé à chanter vers le milieu des années 80 à la chorale de Notre Dame d’Espérance de l’Eglise catholique Sainte Marie de Ouenzé, à Brazzaville. Je faisais le ténor et c’est là qu’est parti cet engagement dans la musique.

AEM: Y aurait-il des artistes qui vous ont influencé ?

RH: Du côté de Kin Malebo, j’ai été influencé par les musiques des anciens comme Grand Kallé, Tabu Ley, Franco, Gérard Madiata , bien sûr je n’oublie pas le Vieux Wendo Kolosoy, la légende et les chansons de la grande Lucie Eyenga. Les ainés de Zaïko Lnga Langa des années 70 m’ont aussi influencé, mais Papa Wemba, avec Viva la Musica, a eu une influence déterminante pour moi.

Du coté de Brazzaville, j’ai été beaucoup inspiré par l’orchestre les Bantous de la Capitale, sans oublier les musiciens comme Franklin Boukaka, José Missamou, Pamelo Mounka et Rapha Boundzeki. J’avais beaucoup de respect pour le groupe Africando, mais c’est surtout en écoutant la voix de Pete El Condé Rodriguez de l’écurie Fania All Stars du Maestro Johnny Pacheco que j’avais décidé de me spécialiser dans la musique afro-cubaine.

AEM : Qu’avez-vous produit jusque-là ?

RH: En 2008, avec l’aide d’un ami, Maître Yvon Ngombe, nous avions sorti un maxi single de salsa intitulé «  Olomi El Marido », c’est ce disque qui m’avait fait connaitre au grand public. J’ai fait une reprise de la chanson de Francis Bebey en salsa ‘’Kinshasa’’, une chanson des années 70 et Je suis convaincu que je me ferai un nom sur le plan continental. Avec ce disque déjà au Congo je suis presque le n° 1 de la salsa, Lauréat du concours de la meilleure chanson contre la Corruption. En 2012, j’ai battu les étudiants congolais de Cuba.

AEM: Des projets en cours ?

RH: Actuellement je m’apprête à sortir un nouvel album de salsa « Dougouba » qui veut dire en langue Bambara le grand village. Je précise que cet album est continental par sa richesse linguistique et sa diversité thématique.  J’ai chanté en plusieurs langues africaines : haoussa, bambara, swahili, lingala, douala, makoua, lari, et un peu de Sango. Cet album sera édité par la maison Cami Music, c’est une autoproduction, la sortie est prévue avant fin décembre le temps de réaliser 3 clips. Quant à la promotion, je ferai sûrement appel à un professionnel de la musique pour s’occuper de tous les aspects liés à la promotion et à la distribution.

AEM: Un message pour les mélomanes de Kinshasa et de Brazzaville ?

RH: Je sais que les mélomanes des deux rives aiment la bonne musique, avec cet album à venir, ils vont découvrir de nouvelles sonorités qui les feront danser. Ils comprendront que je suis l’un des héritiers des artistes comme Grand Kallé, Tabu Ley, Gérard Madiata, Franklin Boukaka, José Missamou et Essous Trois S. L’on ne peut pas chanter Brazzaville sans chanter Kinshasa, après avoir chanté Brazzaville dans mon premier disque Olomi, je viens de rendre hommage à kinshasa, l’un des carrefours de la musique continentale dans une adaptation salsa de la chanson du doyen Francis Bebey. De fait, c’est un double hommage.| Herman Bangi Bayo (AEM)