Alain Moloto : Adieu l’ami, le pote, le frère

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Cher Alain,

Ce n’était pas prévu, je veux dire on ne s’y attendait pas. Tu as tellement déjoué les assauts de la grande faucheuse que je me suis laissé à prendre mes espoirs pour des prophéties, à penser que tu avais encore de belles années à vivre et qu’on avait encore du temps devant nous… Or, « l’irréparable était programmé » et tu avais décidé de faire de moi le confident qui témoignera, la plume qui fera retentir la vérité, ta vérité et qui expliquera pourquoi « ils » se sont à ce point acharnés sur toi, pourquoi « ils »voulaient rageusement ta peau. Tu me répétais : « Michel, je souhaite que tu en parles, car je sais ce que vaut ta plume, tes articles ont toujours de l’impact ». Avant-hier encore, un de tes proches collaborateurs m’a promis des éléments éclairants sur ce qu’il convient manifestement d’appeler ton assassinat : « Papa Alain avait confiance en toi, vu comment il nous parlait de toi, je te confierai tout ce qu’il faut ».

L’envie de tout balancer, de tout mettre sur la place publique, de désigner des coupables certains et probables m’a envahi… mais je te devais de ne pas allumer le feu d’accusations et de controverses alors que nous ne t’avions même pas encore rendu à la terre d’où ton créateur t’a tiré. Comme tu me l’avais demandé, je vais publier mercredi et jeudi deux articles qui évoqueront ce que tu m’avais confié et les convictions que je m’en suis forgé. Il n’y aura pas de révélations sensationnelles, mais quelques lignes simples pour retracer l’état d’esprit qui t’habitait ces dernières années et qui n’était pas forcément celui du colosse imperturbable que tu dégageais, ni celui d’un adorateur avançant gaiement et sereinement vers la vie éternelle.

Plus encore que de ton vivant, Kinshasa t’a fait roi. La ville capitale ne t’a pas pleuré mais plutôt célébré. Les gens ont accouru du monde entier (Antilles, Europe, Amériques, Angola, Congo-Brazzaville…) pour empêcher que ta mort ne soit vécue comme une victoire sur les promesses de ton Dieu. Te souviens-tu de ta chanson « Naza na Yesu » dans laquelle tu clamais que « le poison ne peut tuer le fils de la promesse » ? Paradoxalement je te donne raison car tu n’avais jamais soufflé une telle ferveur parmi les chrétiens… Des fois, tu aurais même fait exprès. Non ?

Je finirai, Cher Alain, par ce propos du pasteur Sese Ntela de l’église RIDI (Rien n’est impossible à Dieu) de Nantes : « Le peuple de Dieu est désemparé, tout le monde se demande si Dieu n’a pas pu sauver Alain, qu’en sera-t-il de nous communs des mortels ? Mais je vous dis peuple de Dieu : Courage, fortifiez-vous, Alain Moloto est parti mais prions pour que Dieu suscite un autre Alain Moloto, cent Alain Moloto, deux cents Alain Moloto, même trois cents Alain Moloto… »
Va en paix Frère. ■ Botowamungu Kalome (AEM)

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