Le Karmapa : « La chanson  » Bébé gourmand  » m’a été inspirée par Papa Wemba, connu pour être un mulherengo, un homme volage… »

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Alors que tout le monde s’était mis au ndombolo, cette variante de la musique congolaise au tempo plus rapide et plus saccadé que la rumba classique, Le Karmapa avait surpris son monde en se faisant le chantre de la rumba congolaise originelle. Tout fut au rendez-vous : une thématique : l’amour, certes récurrente, mais divinement amenée, un chant et des musiques pour les puristes avec, au bout, un succès phénoménal sur plusieurs années de la chanson phare  Amanda la duchesse (cfr. album Je m’appelle toi, love moi ). À chacun de ses albums, Le Karmapa vient renouveler ce pacte avec les mélomanes. Avec plus ou moins de retentissement mais toujours cette volonté immuable de rechercher l’excellence dans sa fidélité à la rumba. Coup d’œil sur son album à venir.

AFRIQU’ÉCHOS MAGAZINE (AEM):  Comment se présente ce cinquième album ?

LE KARMAPA: L’album s’annonce bien. Sur les 11 titres prévus, 3 sont signés par mes collaborateurs : le chanteur Juliano, ainsi que les guitaristes Paquebot et Patrick Science. On y retrouvera une autre voix féminine, après le départ de Tatiana qui a demandé à quitter le groupe pour réaliser son propre album. Il s’agit de Rafya, une chanteuse américaine d’origine congolaise qui est déjà intervenue sur l’un des 3 titres rumba revisitée. C’est une rumba américanisée. Il faut ajouter également un deuxième morceau rumba avec un beat funk, et un autre morceau rumba folk. Ce sont des chansons de 4 minutes respectant le standard international. Le public va beaucoup apprécier, j’en suis sûr.

AEM: Sur le plan thématique, que comprendre de l’intitulé 4 666 4 qui renvoie au numéro d’écrou de Nelson Mandela ?

LE KARMAPA: (Rires) … Vous avez vu juste. 4 666 4 est le titre de l’une des chansons de mon album ; c’est une chanson en hommage à ceux qui ont sacrifié leur vie pour les autres : Nelson Mandela, bien sûr, mais aussi Thomas Sankara, Kwame Nkrumah, Patrick Emery Lumumba, Gamal Abdel Nasser … Ce sont donc ces héros, ces martyres qui m’ont inspiré.

AEM: Sur le plan musical, allez-vous rester fidèle à votre style ou vous seriez tenté de faire des chansons plus dansantes au tempo dit vulgairement de ndombolo ? En même temps, vous avez semblé surfer sur le style de Franco sur cet opus…

LE KARMAPA: Aussi bien sur le plan thématique que pour la musique, je ne vais pas déroger à mon principe ; je reste fidèle à mon style essentiellement rumba, avec des thèmes engagés, et, cette fois, une plus large ouverture à d’autres horizons musicaux, une ouverture à l’international d’où ce feat avec Rafya. En tant qu’observateur de la société, j’évoque les réalités de la vie, dénonce les tares de la société et apporte des conseils. Sur cet album, j’ai des chansons qui vont, à coup sûr, beaucoup faire parler d’elles. Par exemple la chanson AVC dans laquelle j’explique et conseille ceci: «il ne faut jamais se prendre la tête à cause d’une femme qui te mène la vie dure, il faut parfois la laisser partir, la laisser tout emporter : argent, voitures, tous les biens matériels, mais il ne faut jamais lui « céder » ta tête, ton cerveau ; tu dois savoir ménager ton cerveau.» Ou encore le titre Mbuta mutu, texte inspiré du train de vie d’un individu qui, à l’image de l’empereur romain Caligula, s’adonne au libertinage, voire à des relations incestueuses. Qui use de sa position sociale, de son influence et de son pouvoir pour parvenir à ses fins néfastes et maléfiques, qui abuse de son pouvoir sans être inquiété, qui croit être le seul capable d’acquérir des biens ou d’avoir réussi… Il y a aussi la chanson  Bébé gourmand  qui m’a été inspirée par Papa Wemba, connu pour être un mulherengo, un homme volage, mais que son épouse Amazone a su supporter et garder jusqu’à maintenant. Dans cette chanson, je dis à la femme qu’il vaut parfois mieux laisser son mari faire sa vie, car, quoique ce dernier fasse, il finira toujours par se lasser et revenir à la raison.

AEM: Au-delà de l’accueil enthousiaste de la chanson qui a vilipendé les députés, comment votre dernier album a-t-il été accueilli au pays et à l’étranger ?

LE KARMAPA: Mon album Le Millionnaire a été très bien accueilli en RDC où la chanson M. le Député a été sacrée Meilleure chanson de l’année 2014, mais aussi en Afrique et en Europe. J’ai reçu des éloges y compris de la part des « combattants » qui m’ont félicité pour mon courage et mon engagement citoyen. L’album s’est bien vendu et continue à bien se vendre. Je suis pleinement satisfait de ces bons retours. C’est vraiment encourageant.

AEM: Et ce rendez-vous manqué avec Jossart N’Yoka Longo pour un featuring, c’est de l’histoire ancienne ou c’est toujours à l’ordre du jour ?

LE KARMAPA: Ce projet de featuring avec le Vieux Jossart N’Yoka Longo est toujours à l’ordre du jour ; j’y tiens toujours. Il va faire un duo avec moi dans cet album, sur l’un des titres rumba. Je pense que ce sera sur la chanson Mbuta Muntu.

AEM: Votre concert du GHK ( Grand Hôtel de Kinshasa) au cours duquel vous avez rendu hommage à Tabu Ley, Franco, Wendo…aura été l’une des meilleures de vos productions; c’était circonstanciel ou vous allez ritualiser ce type de productions ?

LE KARMAPA: Un autre événement du genre est déjà en préparation pour les prochaines vacances, entre juillet et août; nous allons donc renouveler l’expérience mais en mieux. Je profite de l’occasion pour rappeler que le patriarche Jeannot Bombenga qui était mon invité d’honneur à la soirée du GHK m’a intronisé roi de la rumba. À plus de 80 ans, cet artiste est encore actif ; nous nous sommes d’ailleurs produits sur la même scène dernièrement au Centre Wallonie-Bruxelles de Kinshasa.|Propos recueillis par Jossart Muanza (AEM)

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