Didier Deschamps a perdu le fil

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Il  doit avoir hâte d’en finir avec le championnat d’Europe des nations et de l’équipe  de France. Didier Deschamps semble réagir qu’il n’agit. Il n’en finit plus de subir des tuiles et des vents contraires : la mise à  l’écart de Benzema malgré lui, les blessures, la sélection de Rami et de Payet qui avaient vertement critiqué ses choix de sélection, les déclarations de Benzema et de Cantona l’accusant d’avoir cédé sous la pression de la frange raciste de la France, le mot « raciste » écrit sur le mur de la clôture de sa résidence… Sur le coaching, le public médusé l’a vu invectiver Pogba concernant son placement erratique comme s’il  découvrait son poste ou qu’il jouait pour  la première fois sous ses ordres. Sans compter, un Rami fébrile qu’il va devoir titulariser alors qu’il ne l’avait même pas prévu parmi les  réservistes.

Benzema : une mise à l’écart inévitable

Le Madrilène Karim Benzema est un grand joueur de club depuis Lyon mais qui a rarement été décisif en équipe nationale. Deschamps s’est toujours entêté à lui conserver sa confiance même quand, plus d’une fois, l’incompris Olivier Giroud ou Gignac se sont révélés des alternatives crédibles. Indécis, le sélectionneur français avait même tenté, à la coupe du monde 2014, de l’associer à Giroud. Avec suffisance, Benzema avait volontairement saboté la tactique mise en place pour enlever toute chance à la reconduction de ce  tandem.

Nonobstant ce, et malgré l’affaire de sextape, Didier Deschamps était en passe de le conserver. Quand on sait que c’était au cours d’un rassemblement des Bleus que Benzema s’était fait l’intermédiaire de ceux qui faisaient chanter  Valbuena, sa non-sélection est conséquente. C’est donc faire un mauvais procès au sélectionneur que de réduire sa décision à la pression de la frange raciste de la France. Il ne faut d’ailleurs pas perdre de vue que le buteur madrilène aurait essuyé des sifflets dans tous les stades de France.

Ben Arfa méritait largement la sélection

S’il y en a un dont la sélection aurait été largement justifiée c’est bien lui. Benzema n’a pas seulement apporté du panache à une Ligue 1 fade mais il s’est aussi montré efficace avec les meilleures statistiques de sa carrière. DD lui a préféré pourtant deux jeunes joueurs au profil similaire et qui ont fait une moins bonne saison que lui : Martial et Coman.

Droitiers, rapides, explosifs, percutants, l’attaquant du Manchester United et celui du Bayern de Munich jouent de la même façon alors que Ben Arfa aurait apporté son expérience, sa capacité à éliminer par des dribles courts et par  son habilité à alterner des dribles en position quasi  arrêtée ainsi qu’à  jouer entre les lignes et à partir de loin, balle au pied, si l’équipe  adverse joue regroupée. Même si la  presse française a fait chorus en sa faveur et en dépit de sa forte cote d’estime auprès des fans de foot, Deschamps a persévéré dans son aversion pour Ben Arfa.

Cette observation  vaut aussi pour Rabiot du PSG qui a fait une très  bonne saison et qui  était de loin le meilleur choix pour remplacer Lassana Diarra, plutôt que le météore Schneiderlin milieu du Manchester United.

Rami : la  claque de trop pour Deschamps

Dégoûté de n’avoir pas été sélectionné ni  retenu parmi les réservistes, Adil Rami a balancé sur Deschamps. Il ne s’est pas contenté de contester ses choix mais a surtout révélé qu’il  lui avait conseillé de préférer, lors de son transfert, le FC Séville à Lyon et donc la Liga à la Ligue 1. Le sélectionneur national fossoyeur du championnat national ? La révélation a été de trop pour Deschamps. S’est-il alors senti contraint de le sélectionner pour dissiper les soupçons d’injustice ou au contraire pour l’offrir à la vindicte populaire en pariant sur ses piètres prestations ? Oui, il arrive que des entraîneurs se vengent de cette façon. Quand on connait le jeu folichon et les sautes de concentration du défenseur sévillan, cette hypothèse est loin d’être farfelue.

Pogba : le talon d’Achille des Bleus

Au niveau où le place la presse française mais qui tranche avec son réel niveau dont on ne connait que le potentiel, Pobga pose plus problème  qu’il n’apporte des solutions. Doué techniquement, le Turinois provoque constamment le déséquilibre de son équipe par un positionnement flottant. Certes, il ne bénéficie pas du même positionnement qu’à Juventus, mais à  ce niveau l’on est censé s’adapter à différents schémas tactiques. Le fait qu’à Nantes, face au Cameroun, Didier Deschamps a été obligé de le recadrer publiquement, trahit un ras-le-bol du sélectionneur). À l’Euro va-t-il subitement délester son jeu de sa nonchalance légendaire, de son indiscipline tactique et renoncer à briller à chaque fois qu’il touche le ballon ? Pas sûr pour un joueur qui poste tous les quinze jours une nouvelle  coiffure sur les réseaux sociaux.

Perdre le fil… puis la  main ?

La sélection de Lassana Diarra était incompréhensible, car le joueur a fini la saison sur les rotules et blessé. Après une longue période d’inactivité, l’Olympien a trop tiré sur la  corde et sa sélection dénote d’une mauvaise analyse de son cas et d’un manque d’anticipation du sélectionneur.

Ce fait, ajouté à tant d‘autres énumérés précédemment, montre clairement que Didier Deschamps a perdu le fil et passe son temps à colmater des brèches et à  apporter des mauvaises réponses à des choix initiaux peu compréhensibles, peu lisibles. De là à penser qu’il a aussi perdu la  main, on peut le craindre. |Botowamungu Kalome (AEM)