RDC : Le per diem de la honte

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C’est touchant et j’en ai eu les yeux humides : les participants au « Dialogue » refusent  d’évoquer le probable substantiel per diem qu’ils vont toucher. Une  consoeur généralement bien renseignée parle de  300 dollars par jour par personne soit l’équivalent de ce que gagnent 130 fonctionnaires par jour. Pudeur face à la grande misère de la population ou peur que leur participation très lucrative soit jugée intéressée ? En tout cas, l’embarras est palpable : l’un des participants s’est contenté de démentir les montants avancés sur Facebook mais sans donner les chiffres « réels ». Explication : « Les participants ne peuvent dire combien ils vont toucher car ils ne le savent pas eux-mêmes ». Un deuxième, député de l’opposition, n’a dit mot à part qu’il affectera l’intégralité de son  per diem à sa fondation qui récupère déjà la totalité de ses indemnités de député. Face à l’insistance de son interlocuteur, il a fini par brandir son « droit de réserve ». La cause de cet embarras : des appels via des réseaux sociaux à renoncer au per diem au nom du patriotisme.

C’est connu, les « concertations nationales » et « dialogues » sont courus en RDC en partie parce qu’ils rapportent. C’est généralement la carotte qu’offre le pouvoir pour mettre les participants dans d’ « excellentes conditions ». Il arrive ainsi que des matières simples prennent un temps fou à être vidées car le per diem s’épaissit subséquemment. Plus c’est long, mieux c’est.

Imaginons que ça soit vrai que les participants ne connaissent pas le montant qui  leur sera alloué, il se pourrait alors que le pouvoir prend son temps car il compterait fixer l’enveloppe en fonction de leur docilité. Et cela me rappelle les méthodes en cours pour  le dressage des chiens à qui on donne un morceau de sucre à chaque fois qu’ils assimilent une leçon. La comparaison est excessive et blessante ? Quand on vous convie à de telles assises et qu’on vous traite de manière aussi désinvolte, ce que l’on  a très peu ou de considération pour vous.

La meilleure façon d’y répondre ? Renoncer à ce per diem collectivement au  nom de « sa fierté » et de « sa dignité », quitte à essayer de faire croire à l’opinion que c’est « par patriotisme ».|Botowamungu Kalome(AEM)