Koffi Olomide est-il tiré d’affaire ?

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Rentré précipitamment à Kinshasa au lendemain de son audition au Tribunal correctionnel de Nanterre, près de Paris, Koffi Olomide a donné une version trop romancée de son court voyage sur le plateau de la Radio Télévision Nationale Congolaise. Le chanteur était pourtant censé attendre la décision du juge des libertés qui devait décider de le placer en détention préventive ou de le laisser libre mais sous caution.              À Mamie Ilela qui le recevait dans son émission de chronique musicale à « Karibu Variétés  » le dimanche 19 février, l’artiste a justifié son retour précipité par la présence d’« une quarantaine de combattants  » devant sa résidence située en banlieue parisienne. Des « combattants », sur les nerfs, qui, on le sait, lui en veulent d’avoir participé à  la campagne présidentielle de Joseph Kabila. Une présence signalée par « son épouse avant d’échapper aux griffes de 80 combattants à l’aéroport…  »

En effet, après avoir été entendu par la juge d’instruction Sylvie Daunis, qui l’a mis en examen pour « viol sur mineures, séquestration, actes de barbarie en bande organisée et trafic d’êtres humains », il ne s’est pas présenté devant le juge des libertés et de la détention qui devait décider ou non de l’incarcérer avant une confrontation prévue dans un mois avec ses anciennes danseuses. Sur le plateau de la RTNC, Koffi, dans ce qu’il a considéré comme un acharnement sur sa personne, a minimisé cette affaire en se défendant « de n’être pas le seul responsable de groupe à avoir abusé de ses danseuses. » Certes, l’un de ses avocats, Me Manuel Aeschlimann, après avoir qualifié les chefs d’accusation de« totalement fantaisistes » a assuré qu’ils avaient« toutes les chances de gagner devant le juge des libertés et de détentions. « Mais, reconnaît-il, Koffi Olomide n’a pas souhaité prendre ce risque et a décidé de retourner au pays. »

« Nous, avocats, avons expliqué à la juge d’instruction ainsi qu’au parquet précédemment que tout était garanti pour que Koffi Olomide puisse rester libre pendant la procédure avec une remise de passeport, une caution très importante, avec d’autres garanties ; malgré ça le parquet et la juge d’instruction ont souhaité saisir le juge des libertés et des détentions avec la perspective pour Koffi Olomide d’être éventuellement mis en détention. La lenteur de la procédure et notamment la perspective des actes suivants à savoir des confrontations faisaient que Koffi risquait d’être placé en détention au moins pendant un mois avant de demander des confrontations, ce qui est très long. »

Pour rappel, depuis 2009, de peur d’être incarcéré, Koffi Olomide n’était pas revenu en France après avoir quitté ce pays sur la pointe des pieds, alors qu’il allait y être mis en examen déjà dans cette affaire. Un mandat d’arrêt international avait ensuite été lancé à son encontre, ce qui a longtemps limité ses mouvements. Ce que confirme, encore une fois, Me Aeschlimann dans un entretien avec César Ngadi : « Il était effectivement sous mandat d’arrêt international » (…) « donc avant son retour en France nous avons rédigé une note juridique très complète de 22 pages avec Maitre Berrebi pour montrer que Koffi était innocent , qu’il n’ y avait pas de raisons de l’incarcérer, qu’il n’ y avait pas de raison de l’inquiéter par une activité policière, et donc naturellement il est arrivé libre à l’aéroport et très naturellement aussi il s’est rendu à la convocation du juge d’instruction lundi après-midi. Ce qui prouve bien d’ailleurs qu’il n’avait pas besoin d’être escorté à sa descente d’avion… ».

Reste que, selon Me Manuel Aschlimann, « la décision de la juge n’était pas favorable puisque cette dernière a décidé de mettre Koffi Olomidé en examen et de saisir le juge des libertés et des détentions en souhaitant que son client soit détenu à l’avenir. » Et de préciser : (…) « La juge d’instruction considère qu’il y a ce qu’on appelle des indices graves et concordants de culpabilité La mise en examen est un pas vers un envoi devant le Tribunal, vers une condamnation (…) ».

La prochaine étape de la procédure ? Maintenant qu’il est mis en examen ses avocats vont pouvoir faire des demandes d’actes c’est à dire l’audition supplémentaire, une confrontation, « demander un certain nombre de choses que nous ne pouvions pas demander avant qu’il ne soit mis en examen » explique Me Aeschlimann.

Que faire pour éviter ce qui arrive aujourd’hui à Koffi Olomide ? Le conseil de l’avocat aux artistes congolais : « ll faut être réactif, très vite, il faut faire appel à des spécialistes en droit pénal, ne jamais prendre à la légère ce qui peut arriver… Il faut aussi être très vigilant par rapport au statut des danseuses et des musiciens au vu du droit de séjour en France. Voilà des questions administratives et juridiques que ces artistes-là doivent absolument régler pour éviter des désagréments, d’être accusés de travail dissimulé, d’entrée frauduleuse sur le territoire français et, pire, d’être accusés de ce qui arrive à Koffi Olomide » (…)

Koffi Olomide, Antoine Agbepa Mumba de son vrai nom, est-il enfin libre de ses mouvements ? Peu avant son déplacement pour la France, il s’était rendu au Cameroun sans être inquiété. « Afin, a-t-il indiqué, « de vérifier qu’il ne courait plus aucun risque ». Et pour venir en Europe, il a dit avoir annoncé qu’il se rendait plutôt à Lubumbashi … Preuve qu’il se doutait de quelque chose, malgré les assurances qu’il aurait reçues de ses avocats.

Koffi Olomide est-il tiré d’affaire ? C’est la question que l’on continue à se poser en attendant la suite de la procédure…■ Jossart Muanza (AEM)

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