Les enfants du président Félix Tshisekedi expulsés de la RDC : se poser les bonnes questions

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Nées à l’étranger, c’est en filles du président de la République que deux enfants de Félix Tshisekedi, issus d’une seconde couche, sont venus s’installer, avec leur mère naturalisée belge, au pays de leur père. Elles n’y auront connu qu’un protocole fastueux, attentionné, des militaires et policiers bienveillants, aux ordres, des déplacements sous le son des sirènes et des gyrophares qui illuminaient de leurs feux multicolores leurs déplacements. Puis, brutalement, elles vont découvrir la facette sombre des services de l’État et de la police. Obligées de quitter abruptement la RDC, sans un au revoir, ni des mots rassurants ou réconfortants de leur père, sans un câlin de ce dernier. Un peu comme quand le régime de Mobutu avait relégué leur grand-père et leur père au fin fond du Kasaï. Avec la différence notoire que c’est le pouvoir de leur (propre) père qui les expulse vers la Belgique.

 

Félix Tshisekedi avait l’autorité parentale sur ses enfants avec les obligations et les droits qui vont avec et, en dehors de toute décision judiciaire, il conservait également le droit de garde. Ses deux fillettes ne pouvaient donc être expulsées sans que l’administration n’ait vérifié que le père souhaitait, en accord avec la maman, récupérer la garde des enfants. Invraisemblable. Cette affaire qui est racontée comme une nuit de longs couteaux dans un « ménage à trois » n’aurait dû intéresser l’opinion publique sans l’intervention de la Direction générale des migrations (DGM), de la police et de la maison civile du chef de l’État qui a suggéré publiquement « l’arbre à palabres » confirmant ainsi la rumeur d’un conflit intrafamilial.

Que peut attendre la RDC d’un président dont les enfants ont été expulsés dans un imbroglio mêlant vie sentimentale et moyens de l’État ?

L’existence d’une seconde femme dans la vie de Félix Tshisekedi était un secret de polichinelle mais sur la toile, les Congolais se sont montrés, dans leur immense majorité, respectueux de cet aspect de sa vie. Ce scandale a malheureusement ouvert largement des vannes à ce qu’il y a de vil et de nauséabond chez des proches des trois protagonistes ainsi que des prétendus intimes investis pour la guerre numérique. Entre la présumée infidélité de l’une et la liste invérifiable des ex de l’autre, ces confrontations ont affecté forcément l’image et la crédibilité du président de la République. Une membre de la famille du président qui diffuse une vidéo mettant en cause la première dame, un conseiller du président ; une autre qui enregistre une conversation mettant en cause Denise Nyakeru et qui se retrouve sur la toile ou encore cette dame qui, il y a peu, traitait Félix Tshisekedi de « bête » qui , désormais, joue à la garde rapprochée de la première dame sur le net et qui vante le « charme» du « dandy Félix Tshisekedi » en diffamant la dame expulsée… et il n’y eut personne pour mettre un terme à la récréation.

Quid des enfants, maintenant ?

Quand les adultes auront fini de se rabibocher, ce qui serait déjà en train de se faire, quid des enfants ? Comment ces fillettes pourraient effacer le traumatisme d’avoir été conduites à l’aéroport, pour une expulsion, par les policiers du pays dont leur papa est le président ? Comment ces enfants pourraient oublier le désarroi de leur mère expulsée manu militari ? Qui pourra trouver les mots qu’il faudrait pour expliquer à ces enfants pourquoi leur père, l’homme le plus puissant et le plus informé du pays (en théorie), n’a pas pu les appeler ou répondre à leurs appels au moins pour essayer de les rassurer quand elles étaient au plus mal ? Comment se guérir d’une telle faillite des adultes quand on sait que des décennies plus tard, elles trouveront les images d’aujourd’hui et les propos dégradants sur leur mère ? Que pensaient-elles quand, dans la tourmente de leur expulsion, le « méchant » entourage de leur père se pavanait à New York et que Papa avait l’air si bien, si tranquille tellement loin d’elles, tellement loin de leurs blessures ?…|Botowamungu Kalome (AEM)