Ce qu’il conviendrait de retenir, pêle-mêle, sur Jossart Nyoka Longo

Avatar photo

Nyoka Longo a été orphelin de père et de mère très jeune et a été brièvement pris en charge par l’entreprise Phillips qui employait son défunt père mais surtout par des prêtres catholiques. Il perdra son unique sœur quelques années plus tard. Enfant de choeur, il était très porté sur le chant grégorien. Il va intégrer l’orchestre Zaïko Langa Langa à 17 ans.

– Première recrue avec Papa Wemba et Manuaku, quand il intègre le groupe, Zaïko est une association sans but lucratif enregistrée à l’Hôtel de ville de Kinshasa  fondée par Marcellin Delo, André Bita, Mangaya et DV Moanda et les musiciens sont astreints à des cotisations comme n’importe quel membre d’une association.

– Des années plus tard, la musique était devenue l’occupation principale de certains musiciens qui n’avaient pas une activité lucrative. Une réunion fut convoquée chez Poto Galo, un des bienfaiteurs de l’orchestre, à la demande des musiciens ; ceux-ci vont demander aux 4 cofondateurs de céder la gestion du groupe aux musiciens qui souhaitaient, désormais, pouvoir vivre de la musique. Les trois autres cofondateurs qui avaient un emploi acceptèrent de se retirer tout en demandant aux musiciens de garder leur ami DV Moanda qui n’avait pas d’activité professionnelle. C’est ainsi que DV prit les commandes de Zaïko.

– Dans l’esprit de Jossart Nyoka Longo, Zaïko est sa famille. Cela l’aidera à résister aux tentations d’ailleurs. Les autres vedettes du groupe s’en iront, reviendront, mais lui jamais. Quand le groupe sera au plus bas, il en prendra la présidence et cela lui permettra de pulvériser le record d’existence (record en cours) des groupes congolais. Il alignera un autre record : la plus longue tournée avec le plus grand nombre de concerts d’affilée livrés par un groupe congolais aux Etats-Unis.

– Souvent en quête d’innovations, il va introduire les atalaku ; cela deviendra un marqueur essentiel de la musique congolaise et fera école au-delà des frontières nationales. Nyoch sera également le premier à faire intervenir le violon dans une chanson (Jusqu’où?) interprétée en duo avec Sam Mangwana. Bien plus, il va reprendre la même chanson, avec une autre orchestration en gardant les voix originales et certains instruments, une première là aussi.

– En tant que patron, il n’est pas exempt de tout reproche sur sa gestion notamment sur la question de rémunération des musiciens. Cependant, on lui devra d’être le premier patron à doter son orchestre d’une double parcelle où un complexe immobilier est en construction. Notez bien : sur tous les documents c’est bien Zaïko Langa Langa qui  est mentionné comme propriétaire. On y trouve déjà des bureaux, un local des répétitions et prochainement une salle des concerts.

– Dans les années 80, le mécène Ngoss qui l’admire à en mourir l’invite à Libreville où il lui propose de l’aider financièrement, Jossart va le surprendre en lui demandant plutôt d’aider l’orchestre qui n’avait plus une sono fiable. Ça sera fait et, mieux encore, il réussira à convaincre le Gabonais d’ acheter l’enceinte Ma Elika où l’orchestre jouait ses concerts afin de maximiser les recettes en ne versant plus les loyers que percevait l’ancien propriétaire.

– Au lieu d’accaparer ce mécène très généreux, Nyoch demanda à Ngoss de parrainer le mariage de Bimi Ombale. Quand il accepte et lui annonce qu’il va offrir au couple un voyage des noces en Europe, il va lui demander de lui acheter plutôt une maison afin qu’il quitte le domicile familial. Le Gabonais remettra à Bimi la somme nécessaire.

– Président de l’orchestre, à chaque rentrée scolaire, il imposait au groupe d’assurer les frais nécessaires pour les orphelins des employés du groupe disparus. Sur sa décision personnelle, le groupe remit un congélateur et un fonds de commerce à la famille de DV pour l’éducation des orphelins du cofondateur. Alors qu’il était chanteur chez Koffi Olomide, Lola Mwana avait révélé que, de l’Europe, Jossart lui faisait des transferts « western union ».

– Alors que Koffi et les Wenge avaient le vent en poupe, des fans historiques poussent Jossart à rajeunir le groupe avant le concert de Zenith : refus catégorique. Le chanteur va amener tous les anciens en leur annonçant que le groupe ne pourrait pas, à l’avenir, les intégrer dans les prochains voyages. Pour être franc, je l’ai toujours soupçonné d’avoir plutôt dit à ces musiciens et chanteurs « âgés » : « Bomoni ba galères na ngai, namemi bino na poto, ezali voyage ya suka. Oyo alingi atikala na poto mpo a débrouiller vie na ye, nakozala na ngai contre te ».

– Très au faîte des droits d’auteurs et de compositeurs, affilié à la Sacem depuis fort longtemps, alors que l’orchestre Wenge a le vent en poupe et que ses stars se contentent des cachets faramineux de circonstance, Jossart Nyoka va pousser JB, Werra et compagnie à adhérer à la société française des droits d’auteurs en leur expliquant quels en étaient les avantages. Il y parviendra après avoir longuement et fortement insisté.

Je continue ou j’arrête ?

– Une dernière pour la route. Avant le voyage pour le concert de Zenith, l’animateur Nono Monzuluku se comporte très mal envers une dame lors d’un concert à l’hôtel Phénix. Gros scandale qui amène Jossart à l’exclure du voyage. Arrivé en Europe, il craque et le fait venir après le groupe avec un passeport litigieux : c’est ce passeport doublée d’une mise en cause exagérée et non établie de cet animateur auprès de la police belge qui va ouvrir les portes de prison à Jossart. Il pardonnera à l’animateur et le laissera même remonter sur scène avec Zaïko malgré des propos malveillants et diffamants de ce dernier dans plusieurs vidéos.

Bon anniversaire Jossart. |Botowamungu Kalome(AEM)