Chan : Victorieux, Coach Ibenge imite Muntubile Santos

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Vainqueurs, en 2009, de la première édition du Championnat d’Afrique des Nations (Chan) sous la direction de Muntubile Ndiela « Santos », les Léopards de la République Démocratique du Congo ont remporté par 3 buts à 0, face aux Aigles du Mali, pour la deuxième fois, dimanche dernier au Rwanda, le Chan. À la baguette, Coach Ibenge controversé puis érigé en héros avec cette victoire. Pour les non-initiés, le Chan est une sorte de sous-coupe d’Afrique des nations créée en 2009 et réservée exclusivement aux joueurs participant aux championnats nationaux sur le continent.

La RDC réussit en marchant sur la tête, en érigeant la connerie en mode de fonctionnement. Le sélectionneur est en même temps entraîneur d’une équipe et sélectionneur de toutes les catégories. Alors que ce technicien n’est toujours pas payé malgré la baisse de son salaire par rapport à ce que touchait Claude Leroy son prédécesseur, le président de la République a trouvé l’argent pour louer un avion réservé aux supporters pour assister à la finale. Et comme ce pays n’est pas à une bizarrerie près, l’on a vu le président de la Fédération congolaise de football donner des consignes tactiques aux joueurs devant un Coach Ibenge médusé. Qu’importe le onze congolais a été conquérant et son bilan, faramineux : 14 buts marqués contre 7 encaissés.

Un Mali vaillant

La présence de la sélection malienne en finale fait partie de ce genre de conte de fées que seul le sport peut rendre imaginable comme le narre le quotidien français L’Equipe : « Les jeunes Aigles, qui ont sorti la Tunisie en quart, autre gros calibre, supporteront-ils la pression d’une finale ? C’est l’une des interrogations essentielles de ce duel alors qu’ils n’ont eu aucune préparation, que leur championnat est en stand-by depuis de nombreux mois. «On s’est réunis seulement dix jours avant la compétition», souligne Dramé, qui dirige les Onze Créateurs de Niaréla au pays. Le staff a beaucoup bossé pour dégoter des perles rares capables de renforcer le groupe en écumant les tournois de quartier. L’accumulation des rencontres pourrait toutefois affecter certains organismes. »

Le grand Congo au rêve si minimaliste

La passion qu’a suscitée cette compétition a mis à nu, d’une manière crue, le rêve de grandeur atrophié d’un peuple qui se cherche un dérivatif qui rende sa misère supportable. Une surenchère des propos sans précédent a entouré cette compétition. Le sélectionneur a invité ses poulains à jouer pour les vivants et pour les 8 millions de morts victimes des guerres aux multiples facettes imposées par les voisins rwandais. Un brillant journaliste a, pour sa part, annoncé la naissance d’un Congo nouveau en cas de victoire, rien que ça. Le propos le plus ébouriffant restera celui de Vital Kamerhe, ténor de l’opposition politique, qui a affirmé que cette victoire préfigurerait le développement économique imminent du pays. Une performance sportive pourtant surcotée au regard, par exemple, du palmarès récent de l’adversaire de la finale, le Mali : premier de la CAN U17 en 2015, deuxième de la Coupe du monde des moins                de  17 ans, troisième de la Coupe du monde des moins de 20 ans.

En regardant la RDC s’emballer pour si peu, l’interpellation d’un Nigérian en 1990 m’est revenue à l’esprit : « Tu es Zaïrois ? Mince, toute l’Afrique attend le Zaïre pour se développer ! Le jour où le Zaïre s’éveillera, il sera une locomotive pour toute l’Afrique »…|Botowamungu Kalome (AEM)