Josey : l’Afrique tient un nouveau joyau

Avatar photo

Il ne faut certes pas s’emballer, car si on croyait la presse musicale africaine : il naît un immense chanteur, une grande chanteuse avec chaque premier album ou single. Mais que des promesses sans lendemain. Cependant, quand un talent loge dans un génie, on peut oser de grandes prédictions : avec la chanteuse ivoirienne Josey, de son vrai nom Gnakrou Josée Priscille, l’Afrique tient indiscutablement un nouveau joyau. On l’identifie, et sans doute pour longtemps encore, à son méga tube Diplôme, mais la très belle Ivoirienne n’y aura levé qu’un petit bout d’un coin du voile sur ce dont elle serait capable. En concert au Club 25, à Nantes, le vendredi 2 avril dernier, Josey a fait une déroutante démonstration de son potentiel.

Alors que le public qui a rappliqué en nombre trépigne pour écouter ses tubes Diplôme, On fait rien avec ça, Chéri tu me soûles ou encore Kora, Josey démarre avec une ballade qui figurera dans son prochain album. Tout de suite après, elle avoue son amour pour le lingala « cette belle langue de la  RDC » et interprète sa chanson écrite dans cette langue. Accompagnée d’un orchestre sommaire, elle va interpréter quelques titres d’autres titres d’artistes africains avant de susciter la première grosse émotion de la soirée en chantant Sho me the way de Papa  Wemba. Avec une voix grave, juste ce qu’il faut, la chanteuse octroie à la chanson une volupté qui lui sied à  merveille. Dans la foulée, la chanson Munyenge ma ngando de la  Camerounaise Grace Decca sera aussi interprétée avec justesse malgré une sono un peu limite.

Inutile, en effet, de souligner la folie provoquée par ses chansons Diplôme, On fait rien avec ça et Chéri tu me soûles. Jeunes filles et dames fêtent la reine Josey et la couvrent de multiples gestes de tendresse : bisous, embrassades, billets de banque et la chanteuse répond systématiquement avec son séduisant sourire.

Une chanteuse à voix en attente

La voix grave, avec parfois de subtiles inflexions nasillantes, Josey pourra renouer le chaînon rompu des chanteuses à voix sur le continent. À l’heure où des logiciels améliorent les performances vocales sur disque, écouter Josey rassure sur l’avenir du chant dans la musique africaine. Ses tubes n’en témoignent pourtant pas  d’une manière évidente ? La  chanteuse a évoqué, sur RTI,  un choix réfléchi : « Je voulais d’abord me faire connaître, me faire adopter par le public ». Quand on voit son intérêt pour les œuvres des grandes voix comme Papa Wemba et Grace Decca, on peut aisément deviner ses futures options  musicales. La chanteuse n’y procèdera pas brutalement, un tuilage en toute intelligence lui ressemblerait à l’évidence.

Enarque et …férue du nouchi

La trajectoire de la chanteuse Josey est l’un des plus grands écarts de l’histoire de la  musique africaine. Diplômée de l’Ena, elle a renoncé à la haute administration de son pays pour une musique populaire, celle du nouchi, ce parler ivoirien des  cités, avec un rythme parfois coupé-décalé. Un paradoxe que la chanteuse assume comme dans cette déclaration sur la radio nantaise Jet FM : « La passion a tout simplement pris le dessus sur la raison, sur le confort du statut de haut fonctionnaire. Quant à mon orientation musicale, je fais une musique populaire parce que j’aime beaucoup les gens et je vais toucher le plus grand nombre. J’aborde des thèmes terre à terre qui racontent ces petites réalités quotidiennes de l’amour. Je ne vais pas, pour me donner une image, chanter pour la paix, pour l’Afrique… ça viendra peut-être mais il faut que cela se fasse naturellement ».

Personnalité attachante, Josey avait fini son  concert à Nantes avec une longue séance de photos avec des mélomanes : près d’une heure pour résorber la longue file d’attente. Un exercice au-delà du contrat signé avec le restaurant-bar Mont Fleury qui l’a produite, avec, à la manœuvre, Elie Channel et JC de Nantes.|Botowamungu Kalome (AEM)

 

À LIRE ÉGALEMENT SUR

Digitalcongo.net>>>>